LE SALON DES MARQUISES
Il y a quelques jours se déroulait le Salon des Marquises au parc des expositions de Mamao, à Tahiti. L'occasion pour moi d'admirer le savoir faire des Marquisiens, le détail, la beauté de leur artisanat qui, selon moi, est l'un des fleurons de la culture polynésienne à travers le monde.
L'occasion également d'effectuer un travail photographique sur les mains des artisans et de dégainer mon objectif SIGMA 85mm f/1.4 que je ne sors décidément pas assez souvent (Je parle de cet objectif en fin d'article pour ceux que ça intéresse).
Allez hop, suivez moi sur ce Salon !
La Vannerie :
Le tressage n'est pas un art typiquement marquisien mais bien un patrimoine culturel polynésien.
Obtenus à partir de feuilles, lianes, écorces, tiges, issues bien souvent des fibres de bourre de coco, de pandanus...le tressage était primordial dans tous les domaines de la vie quotidienne : pirogues, voiles, filets de pêche, nasses, paniers, outils, vêtements, construction d'habitation, armes, musique, ornements, religion...C'est impressionnant de voir la dextérité de ces femmes qui tressent sans même parfois regarder ce qu'elles font !
Le Tapa :
Le Tapa est une étoffe que l'on obtient à partir de l'écorce de plantes (Mûrier de Chine, Arbre à pain, Banian). L'écorce est fendue dans le sens de la branche puis ôtée grâce à un couteau à bout rond. Cette écorce est alors trempée dans l'eau pendant deux ou trois jours puis nettoyée. Elle est ensuite battue à plat sur une enclume à l'aide d'un battoir en bois.
Plus l'écorce est battue, plus le tapa est fin. Il peut alors servir de base à des motifs polynésiens peints à l'aide d'un pinceau fabriqué à partir de cheveux enroulés par de la fibre de coco autour d'un morceau de bois très fin.
La fabrication du tapa est vraiment remarquable et réclame beaucoup de savoir faire et d'énergie. Quant aux motifs peints sur cette étoffe, il faut faire preuve d'une incroyable patience.
Et personnellement l'ingéniosité de ces pinceaux artisanaux m'a laissé sur les fesses !
La Musique :
La musique se retrouve partout en Polynésie. Celles et ceux qui ont la chance d'être venus ici savent que les polynésiens adorent chanter, danser, jouer du ukulélé...On peut vraiment dire que la musique rythme leur vie. Personnellement, ce qui me touche le plus dans cette musique, ce sont les percussions. En plus d'émettre un son qui te force à taquiner le sol avec le gros orteil, les tambours (pahu) en bois gravé sont des objets magnifiques.
L'art floral :
Véritable outil de séduction, le bouquet marquisien (Umuhei) est un mariage subtil de plantes parfumées, additionnées les unes aux autres afin de constituer un parfum enivrant sans qu'une fragrance ne prenne le dessus. Là encore, c'est un art qui réclame de la précision. Ces bouquets, constitués de morceaux d'ananas saupoudrés de santal, de tiaré, de basilic, menthe et autres plantes sont de nos jours toujours portés par les femmes marquisiennes dans leurs chevelures.
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Morceaux d'ananas saupoudrés de Sental |
La Gravure :
Il ne fait aucun doute que les marquisiens sont les champions de la sculpture sur matières naturelles : bois, pierre, os, graine...Les objets sculptés se retrouvent partout : tiki, armes, ornements, bijoux...et représentent les symboles marquisiens que l'on retrouve également sur les tatouages. Je pourrais passer des heures à écouter le graveur évoquer ce que représente chaque motif ou à compulser "le dictionnaire du tatouage polynésien des Iles Marquises" qui est une mine d'informations.
Graver, danser, tresser...tout cela ouvre l'appétit. Nous avons eu la chance de déguster le Ka'aku, un plat obtenu grâce au fruit de l'arbre à pain : le Uru. Ce fruit, en Polynésie, est l'équivalent de la pomme de terre en métropole, et est une base de l'alimentation.
Après avoir été cuit sur des braises, le Uru est décortiqué, épluché, puis malaxé à la force des bras grâce à un pilon en pierre, jusqu'à obtenir une patte bien homogène. Agrémenté de lait de coco, c'est un vrai régal !
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Préparation du Ka'aku |
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La noix de coco est râpée. Elle servira à agrémenter le Ka'aku |
Nous avons passé une très belle journée sur ce salon des Marquises, fait de belles rencontres. Nous avons pris beaucoup de plaisir à discuter avec les artisans et nous avons bien évidemment craqué pour quelques pièces qui viendront agrémenter notre logement.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l'art des Marquisiens, je vous conseille vivement l'ouvrage "Les Marquisiens et leur art" aux édition "Au vent des Iles".
Les sites internet Tahiti Heritage, hiroatupunaupf et Tahiti en France sont également des mines d'information.
Pour constituer cette série sur les mains, j'ai couplé l'objectif SIGMA 85mm f/1.4 à mon Nikon D750.
Cet objectif étant une focale fixe, donc impossible de zoomer, j'ai du faire preuve de soupleté et d'agilesse pour effectuer mes cadrages. Au final, je suis satisfait du résultat et du piqué des photos, même si à certains moments, les 85mm m'ont parus courts, m'obligeant à m'approcher des artisans plus que je ne le souhaitais, par peur de déranger. Heureusement que les polynésiens sont d'une gentillesse incroyable et qu'ils m'ont donné l'autorisation de les photographier durant leur travail. Toutes les photos de cet article ont été prises en autofocus, à f/1.4 afin d'obtenir un joli bokeh. Il en résulte un vignetage qui aurait été moins visible à f/1.8 mais in fine, ce vignetage ne me dérange pas et je l'ai même accentué en post traitement. Cet objectif est vraiment très bon.
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